Erosion au Togo, partage d’expériences avec la Nouvelle-Aquitaine

Vie du GIP Littoral
Erosion route littorale Togo

La République du Togo fait face depuis les années 1970 à un recul important de son trait de côte, mettant à mal infrastructures publiques, habitations, mais aussi une grande partie des équipements industriels et économiques concentrés sur la côte. Longue de 56Km, cette dernière concentre plus de 2 millions d’habitants (25% de la population nationale), accueillant notamment la capitale Lomé. Les zones côtières du pays connaissent une croissance démographique très forte depuis 1960 (470 000 habitants), soit environ plus de 3% par an.

La zone côtière se compose de plages sablonneuses à faible pente avec des vasières et des lagunes peu profondes en arrière plage, ce qui rend d’autant plus vulnérable les implantations sur l’espace côtier. Les taux d’érosion rencontrés sont estimés entre 10 et 15m par an de recul en moyenne et de nombreux ouvrages ont été édifiés depuis les années 1980 pour protéger l’intégralité des 56 Km de côte. Ces niveaux d’érosion peuvent être en partie imputés à certains aménagements sur le littoral, comme le barrage d’Akossombo, les ports de Lomé et de Cotonou (Bénin). Pour exemple de l’impact sur les infrastructures, la route nationale côtière reliant le Togo et le Bénin a déjà fait l’objet à trois reprises d’un déplacement à l’intérieur des terres.

Maison détruite par l'océan

Pour faire face à cette problématique les pouvoirs publics se mobilisent et notamment autour du projet WACA de la Banque Mondiale, auquel l’Agence Française de Développement et son antenne Expertise France participent pour apporter leur ingénierie, mais aussi des financements à hauteur de 35 millions d’euros sous forme de prêt.

C’est ce cadre partenarial qui a amené sur nos côtes début février une délégation togolaise à venir rencontrer élus et techniciens du littoral de la Région Nouvelle-Aquitaine. Composée de plusieurs maires du littoral togolais, mais également de représentants des Ministères du développement des territoires, de la décentralisation et de l’environnement, cette délégation a pu échanger le 8 février au matin avec des agents du GIP Littoral et enchaîner l’après-midi avec une visite de site à Lacanau, en compagnie de monsieur le Maire et ses équipes.

Délégation togolaise sur le front de mer de Lacanau

Ces échanges ont permis de leur présenter la méthodologie régionale de gestion de la bande côtière en s’appuyant sur l’exemple de plusieurs stratégies locales mettant en œuvre des opérations de lutte active mais également des expérimentations de recomposition spatiale. Dans le cadre d’une politique de décentralisation récente, l’outil qu’est le GIP Littoral a aussi fait l’objet d’une attention particulière permettant le dialogue et le partage entre tous les échelons administratifs pour construire des programmes d’actions concrets.

Ces rencontres toujours très enrichissantes permettent de confronter points de vue et méthodologies, afin de faire grandir les réflexions et solutions développés par chacun. Nous souhaitons remercier Expertise France et Yannick Lechevallier pour l’organisation de cette journée, ainsi que tous les membres de la délégation togolaise pour la qualité des échanges, ainsi que la mairie de Lacanau, toujours prompte à témoigner de son expérience.

Maire de Lacanau et délégation togolaise

 Pour aller plus loin

https://finances.gouv.tg/erosion-cotiere-au-togo-23-milliards-de-fcfa-pour-combattre-le-phenomene/

https://www.wacaprogram.org/fr/country/togo

https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/togo/erosion-de-la-cote-au-togo-un-jour-la-mer-nous-prendra-par-surprise-et-nous-ne-saurons-pas-ou-aller_4001919.html

Rossi Georges. Erosion littorale et acteurs sociaux. L'exemple du Togo (Coastal erosion and man's behavioural response in Togo). In: Bulletin de l'Association de géographes français, 68e année, 1991-3 ( juin). pp. 225-233; https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_1991_num_68_3_1578