Traduction française de fiches d’information du GIEC sur l’adaptation des villes et activités littorales face à l’élévation du niveau de la mer
Ce lundi 20 mars, le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) publie la synthèse de son 6ème rapport d’évaluation sur le changement climatique, l’occasion de revenir sur ce document qui reprend l’ensemble des travaux publiés depuis le précédent rapport en 2014, en actualisant les connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques relatives au changement climatique.
En 2021 et 2022, le GIEC publie son 6ème rapport d’évaluation sur le changement climatique, en trois volumes liés à ses trois groupes de travail sur : les fondamentaux scientifiques, les impacts, la vulnérabilité et l’adaptation, et enfin sur l’atténuation du changement climatique.
En plus des rapports complets, résumés techniques, résumés pour les décideurs, le GIEC a produit des fiches d’information recto-verso, qui synthétisent les enseignements clés sur certains sujets précis. Dans le cadre du groupe de travail n°2 sur les impacts, la vulnérabilité et l’adaptation (rapport de février 2022), deux fiches d’informations ont été produites : « Répondre face à l’élévation du niveau de la mer » et « Villes et activités humaines sur le littoral ».
Ces fiches ne sont disponibles qu’en anglais, et le GIEC n’envisage pas de les traduire en d’autres langues. Estimant que leur contenu était très riche et qu’il était pertinent de le diffuser au plus grand nombre, en particulier les acteurs publics de l’adaptation des territoires exposés aux risques littoraux et à l’élévation du niveau de la mer, le GIP Littoral a réalisé une traduction française de ces deux fiches d’information, disponibles ci-dessous :
Fiche d’information traduite « Répondre face à l’élévation du niveau de la mer »
Fiche d’information traduite « Villes et activités humaines sur le littoral »
Les principaux enseignements peuvent être résumés en quelques éléments clés :
- L'élévation du niveau de la mer pose un défi d'adaptation particulièrement important, car elle implique de gérer à la fois des changements de phénomènes qui évoluent lentement, ainsi qu’une augmentation de la fréquence et de l’intensité des évènements extrêmes. Il s’agit donc à la fois de transformations de long terme, et de risques immédiats pour la sécurité des personnes, les deux sujets n’étant pas toujours dissociables.
- L’adaptation des territoires littoraux à l’élévation du niveau de la mer se définit comme un ensemble d’actions, qui inclut des mesures de protection (ouvrages, gestion des sédiments, solutions fondées sur la nature) et des mesures d’aménagement du territoire (interdiction de nouvelles installations dans les zones exposées, adaptation des bâtiments et infrastructures existants, repli stratégique). Ces actions qualifiées de « dures », « souples », structurelles, ou non structurelles, ont différents temps de préparation et de mise en œuvre, ainsi que différentes durées de vie opérationnelles. Elles ne sont donc pas à opposer entre elles, mais à combiner au sein d’un « mix » déterminé en fonction de chaque contexte local (niveau d’aléas, types d’urbanisation, capacités d’action, etc.).
- Les freins à l’adaptation sont nombreux, et plus que techniques, ils sont d’ordre économique, financier, institutionnel et de gouvernance. Une des grandes difficultés observées est de planifier des actions sur des temps très longs, avec de très fortes incertitudes sur les scénarios d’évolution, à la fois climatiques et socio-économiques. Afin de résoudre cet obstacle, il convient d’adopter une approche par « trajectoires d’adaptation », qui permet de combiner et de séquencer les actions entre-elles, de garder des options ouvertes avec plusieurs chemins possibles pour aboutir à l’objectif final, en intégrant régulièrement l’évolution de facteurs environnementaux, économiques et sociétaux. Cette méthode de planification flexible (ou adaptative) garantira les choix les plus efficaces à long terme, tout en tenant compte des difficultés de décision et d’application à court terme, en commençant par la mise en place rapide d’actions sans regrets.
- Le changement climatique englobe des risques climatiques et non-climatiques de façon interconnectée et dynamique, et il n'existe pas de solutions simples ou uniques pour les territoires. Pour réussir l’adaptation, il est indispensable de mettre en place une coordination des acteurs publics de tous niveaux, dépassant les frontières administratives, juridictionnelles, ainsi que les approches sectorielles (par exemple, traitement de différents risques de façon cloisonnée).
- Les choix d’adaptation, en particulier s’agissant de la relocalisation, ont des coûts culturels, politiques, sociaux et économiques immenses. Pour que les politiques d’adaptation soient acceptées, il est indispensable qu’elles soient concertées, co-construites, qu’elles prennent en compte des problématiques de cohérence, de justice et d’équité. Ces politiques seront nécessairement associées à des processus de participation et de résolution de conflits, et demanderont un maximum de transparence.
Le contenu de ces deux documents est très utile pour guider les acteurs publics de tous les niveaux, à la fois les porteurs de politiques publiques locales d’adaptation aux risques littoraux et à l’élévation du niveau de la mer (collectivités territoriales), ainsi que les acteurs supra qui établissement les grandes orientations stratégiques de gestion de ces sujets à l’échelle nationale. Cela est particulièrement vrai alors que la France est simultanément en train de concevoir/réviser la Stratégie française énergie-climat, le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC 3), la Stratégie nationale pour la mer et le littoral (SNML) et la Stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte (SNGITC).